Gemmothérapie : se soigner avec les bourgeons

Gemmotherapie Illustration Plante Macerat

La gemmothérapie, branche de la phytothérapie, utilise les bourgeons de plantes fraîches pour traiter des affections précises, de la fatigue saisonnière aux effets du stress ou de la maladie. On vous détaille tout dans ce guide sur la « médecine des bourgeons ».

Gemmothérapie ou « médecine des bourgeons » : qu’est-ce que c’est ?

Du latin "gemmae" signifiant "bourgeon", la gemmothérapie est un dérivé de la phytothérapie qui se sert des tissus embryonnaires végétaux pour guérir certains dysfonctionnements. Dans notre article, nous vous détaillons cette méthode, son histoire, ses principes, sa fabrication, ses bienfaits ainsi que les éventuelles contre-indications.

Une pratique assez méconnue

Se soigner par les bourgeons, pousses ou racines de plantes fraîches a de quoi intriguer a priori. D'autant que cette médecine naturelle, appelée "gemmothérapie' mise au point dans les années 1960 par un médecin belge, le Dr Pol Henry, était restée jusqu'à présent plutôt discrète.

Mais, aujourd'hui, certains prescripteurs sortent de leur réserve en dévoilant pour la première fois, dans un livre destiné au grand public, l'étendue des possibilités thérapeutiques des bourgeons.

Gemmothérapie : Une phytothérapie "rénovée"

« Nous avons souhaité sortir la gemmothérapie de la confidentialité, car le point de vue de cette médecine sur l'utilisation de la plante est relativement récent », commente le Dr Daniel Scimeca, médecin homéopathe et phytothérapeute.

Les embryons de plantes auraient en effet un pouvoir régénérant supérieur à celui des plantes adultes. Une action qui s'explique par le fait que la jeune plante en pleine croissance contient des substances qui n'existent pas dans la plante adulte. Notamment une quantité et des teneurs plus élevées en substances antioxydantes (flavonoïdes et anthocyanes) et en acides aminés (arginine, proline, glycine...

Pour le Dr Max Tétau, l'intérêt de la gemmothérapie dans le processus de vieillissement, en tout cas sur les dégâts générés par le stress oxydatif, est évident. Il se dit frappé de voir que si l'espérance de vie est plus longue, les gens vieillissent plus mal aussi. Et souligne en particulier, l'abus de médication qui encombre et fatigue les organismes.

C'est sur ces deux aspects que les bourgeons peuvent intervenir, seuls ou en complément de traitements homéopathiques et phytothérapiques.

« Avec les bourgeons, c'est la partie la plus jeune de la plante qui vient au secours des vieux tissus » décrit le Dr Scimeca. « Il s'agit d'une synergie d'action de tous les médiateurs cellulaires, c'est-à-dire de tous les principes actifs présents dans la plante en pleine croissance. »

Ces concentrés d'énergie facilitent la réparation des tissus abîmés par l'âge ou la maladie : peau, articulations, tonicité sphinctérienne...

D'excellents draineurs !

Les homéopathes les utilisent régulièrement dans le drainage de l'organisme, pour éliminer les toxines et stimuler les organes émonctoires (foie, reins, vésicule biliaire, intestins).

Les bourgeons sont alors pris aux intersaisons (automne et printemps), ou bien à l'occasion d'un traitement afin de renforcer son impact.

Élément majeur de la gemmothérapie, le bourgeon de cassis est le draineur le plus connu (Ribes nigrum). L'airelle (Vaccinium vitis-idaea) et le séquoia (Sequoia gigantea) sont également indiqués. Le premier est davantage prescrit aux femmes, le second aux hommes.

Se déshabituer des somnifères grâce au Macérat

Insuffisant cardiaque, en proie à un stress important et à des blocages articulaires et musculaires très douloureux, Jacques, 56 ans, dort très mal malgré la prise de somnifères depuis deux ans.

Sur les conseils de son épouse, il consent à consulter un médecin homéopathe et acupuncteur. Celui-ci lui prescrit des séances d'acupuncture et un traitement à base d'un complément de phytothérapie, de teinture-mère et de bourgeons de Ribes nigrum et Tilia tomentosa.

« Les bourgeons n'agissent pas comme un tranquillisant classique mais restaurent les mécanismes d'endormissement. L'intérêt est de se déshabituer progressivement du somnifère, afin de retrouver un sommeil naturel », précise le Dr Scimeca. Si Jacques n'a pas encore retrouvé son sommeil de jeunesse, il a cependant l'impression d'être plus en forme.

« Les bourgeons constituent un traitement de confort qui peut améliorer le quotidien des patients, ajoute le Dr Tétau. En les aidant à mieux lutter contre la maladie et en compensant certains effets délétères des traitements — colites, fatigue, stress oxydatif... — non seulement dans le cadre d'affections bénignes chroniques, mais aussi de pathologies plus graves — maladies auto-immunes, cancers... »

Gemmothérapie : Une fabrication quasi artisanale

  • Une fois cueillies par le fournisseur de plantes médicinales, les plantes fraîches sont transportées, dans la journée, en camion frigorifique jusqu'à l'usine de fabrication.
  • Après validation des lots, qui ne doivent comporter aucun pesticide ni herbicide... les bourgeons sont mis à macérer dans un mélange d'alcool et de glycérine.
  • Après trois semaines, on sépare le liquide des plantes par pressage.
  • La solution obtenue, appelée "macérat glycériné", subit un nouveau contrôle : mesure du titre alcoolique, qui doit être de 50% et des principes actifs.
  • Les macérats sont ensuite dilués à 1 DH (première décimale hahnemannienne) et mis en flacons de 60 ml, 125 ml ou 250 ml, pour être vendus dans les pharmacies spécialisées en homéopathie.

Comment se soigner grâce à la gemmothérapie : mode d'emploi

On compte en France une cinquantaine de gemmothérapiques :

  • Ribes nigrum (cassis : draineur et anti-inflammatoire),
  • Tilia tomentosa (tilleul : système nerveux, sommeil),
  • Sorbus domestica (sorbier : circulation),
  • Vaccinium vitis-idaea (airelle : constipation ou colite),
  • Olea europea (olivier : hypertension artérielle)
  • ..

Leur prescription dépend de plusieurs facteurs :

  • la nature des symptômes,
  • le profil du patient,
  • son sexe,
  • son âge,
  • son activité,
  • son terrain (stress, allergie, asthme...).

Le médecin prescrira un seul bourgeon ou, le plus souvent, plusieurs (trois maximum).

Par exemple :

  • En cas d'ostéoporose chez une femme ménopausée, Vaccinum vitis-idaea, Rubus fructicosus, Sequoia gigantea.
  • En cas d'arthrose, pour une action sur les différents processus de cette maladie : Vitis vinifera, Pinus montana, Ribes nigrum.
  • La prise quotidienne varie de 20 à 100 gouttes, à diluer dans un verre d'eau. Pour les enfants, la posologie est d'une goutte par année d'âge, à partir de quatre ans. Les différents bourgeons ne se mélangent pas, sauf exception.
  • Le traitement est suivi trois semaines par mois, pendant deux à quatre mois. S'il dure plus longtemps, le médecin modifie certains bourgeons tous les trois à quatre mois.
  • La gemmothérapie n’est pas remboursé par la Sécurité sociale même lorsqu'ils sont prescrits par un médecin.
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