Le bilan du tourisme européen n’est pas des plus réjouissants. La faute, évidemment, au coronavirus. Le secteur se prépare au pire et s’attend à une chute sans précédent du nombre de visiteurs, spécialement dans les pays d’Europe du Sud. Thierry Breton, commissaire européen chargé du marché intérieur, a déclaré la semaine dernière que l'industrie touristique du continent devrait subir des pertes d'environ un milliard d'euros par mois. Plus de détails sur le sujet avec Parlorama, le portail d’informations sur la politique et l’actualité européenne.
La situation dramatique en Italie
Le Premier ministre italien Giuseppe Conte a renforcé le verrouillage de son pays, le plus durement touché par le Covid-19 sur le continent européen. Le 22 mars, Conte a déclaré que la pandémie était la pire urgence qu’a connue l'Italie depuis la Seconde Guerre mondiale, et a ordonné la fermeture de toutes les entreprises non essentielles, y compris celles du secteur du tourisme. Des hôtels et autres établissements d’hébergement qui étaient restés ouverts dans les régions peu touchées sont maintenant contraints de fermer leurs portes. Et de nombreux pays d'Europe, ainsi que les principales sources de tourisme des États-Unis et de l'Australie, ont déconseillé à leurs citoyens de se rendre en Italie.
Les photos de certaines des attractions touristiques les plus emblématiques du monde, à Venise, Florence, Milan et Rome, montrent des paysages totalement vidés de touristes et de voyageurs qui y pullulaient d’habitude. La quasi-totalité des vols à destination et en provenance du pays ont été interrompus, de même que les voyages à l'intérieur du pays.
En février, les autorités du tourisme craignaient que la pandémie ne touche le secteur à hauteur de 200 millions d'euros, mais ce chiffre semble aujourd’hui (très) optimiste. A peine un mois plus tard, on prévoit que ce chiffre grimpera en flèche à mesure que se profile la perspective de l'absence totale de saison touristique, selon l'efficacité des mesures de confinement et de quarantaine pour stopper la propagation du virus.
Au début de ce mois, le ministre italien de l'économie, Roberto Gualtieri, a annoncé que le gouvernement injecterait 3,6 milliards d'euros dans l'économie pour aider des secteurs comme le tourisme, ainsi que la logistique et les transports, qui ont tous été gravement touchés par la pandémie. Les mesures comprennent des réductions d'impôts et des crédits pour les entreprises qui ont déclaré une baisse de 25 % de leurs revenus. En 2019, la contribution du secteur du tourisme au produit intérieur brut italien s'élevait à 237,8 milliards d'euros, soit 13 % du PIB du pays.
La situation plus nuancée en France
Alors que la France entame son deuxième mois de confinement avec le quatrième plus grand nombre de cas de Covid-19 en Europe, le ministère de la Santé a déclaré le pays en état d'urgence sanitaire. La France est effectivement en état d'urgence depuis le 17 mars, avec une population de 67 millions de personnes confinées chez elles en dehors des urgences, des raisons médicales ou des courses.
L'industrie touristique du pays, qui pèse plus de 80 milliards d'euros, a été gravement touchée. Les attractions culturelles, les bars, les cafés et les restaurants ont dû fermer. Par ailleurs, les entreprises du secteur qui sont toujours autorisées à travailler ont dû prendre des mesures restrictives pour limiter la propagation du virus. Par exemple, le groupe Louvre Hotels a informé son personnel qu’il n’était plus question de servir le petit-déjeuner sous forme de buffet, et qu’il fallait le proposer directement dans les chambres. Si le repas doit être servi en salle, les plats doivent être préparés individuellement et le personnel doit se conformer à des règles de sécurité strictes.
Le gouvernement français a en outre mis en place un plan d'aide de 45 milliards d'euros pour aider les secteurs de l'aviation et du tourisme. Pour beaucoup, la France n’a pas encore atteint son pic d’infections, ce qui augure encore de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois de mesures gelant l’économie.