La famille Zéro Déchet en action

Alors qu'elle pensait bien faire en achetant des fruits et des légumes locaux et en triant ses déchets, une petite famille s'étonnait de remplir ses poubelles chaque semaine. Elle a donc décidé de se battre contre cette poubelle durant un an en se lançant dans un défi (presque) zéro déchet. Une année qui lui a appris bien plus qu'à se passer d'emballages.

Protéger la planète, manger bio, local et de saison en dépensant moins, relocaliser l'économie et protéger sa santé, c'est possible ? Oui, en passant à une démarche zéro déchet.

C'est le constat de la famille Zéro Déchet adossée à sa dune landaise qui, lassée de ramasser les déchets rejetés par l'océan, décide de réduire à la source sa propre production de déchets. Car 200 kg de déchets arrivent chaque seconde dans les océans qui sont le grand réceptacle, la grande poubelle de notre surconsommation planétaire.

« Et l'impact est catastrophique, raconte Jérémie, militant associatifdepuis 15 ans ; car ce sont 100 000 mammifères marins qui meurent chaque année d'indigestion de déchets. Un million d'oiseaux.

Sans compter que nous avons impacté la chaîne alimentaire en profondeur avec 6 fois plus de plastique que de planctons dans les

Great Garbage Patch, ces "7 continents" de déchets flottant à la surface des océans ».

Eux qui pensaient être bons en faisant le tri, un compost, en achetant les fruits et légumes en Amap se rendent compte que leur quantité de déchets reste élevée et surtout ne diminue pas.

Ils décident donc de passer à l'action et d'étaler leur poubelle sur une bâche dans le jardin. Le constat est sans appel : du suremballage (blisters, barquettes, opercules, sachets, pots, sacs) envahit encore leur quotidien. C'est le début de l'aventure, qu'ils racontent avec humour dans leur blog.

Haro sur les emballages

famille 0 déchet2La bataille commence donc par les courses, en évitant les papiers ou sacs plastique qu'on leur donne au moindre achat à la coupe ou au marché. Il faut trouver des solutions pour chacun des conditionnements des produits : la crème fraîche, les pâtes, le beurre, le fromage...

Ils se créent un kit course avec un panier, des bocaux, des boîtes hermétiques en plastique, des sacs en tissu, direction les producteurs locaux. L'accueil est plutôt bon. Comme ils aiment à le rappeler, derrière les commerçants se cachent souvent des pêcheurs, des cueilleurs de champignons qui connaissent et aiment la nature. Alors, le message passe, les premières réticences au changement s'estompent et la démarche plaît. Ils changent aussi leurs lieux d'achat. Les emballages étant principalement pourvus par les hypermarchés - des rayons entiers de plastique, aluminium, polystyrène -, c'est le moment de refuser.

« Si je ne veux pas ce déchet, je ne l'achète pas », résume Bénédicte, qui fait désormais ses achats chez les producteurs locaux, en magasin bio pour le vrac et chez les commerçants locaux : boucher, poissonnier, fromager. C'est la réduction à la source appliquée au quotidien. Et ça marche : la famille limite ainsi drastiquement sa quantité de déchets pour finir avec une poubelle de 10 litres par mois environ et une de recyclable de 30 litres. Soit 25 kg de déchets ménagers annuels contre 390 kg en moyenne pour un Français. Ce n'est pas zéro mais plus de 90 % de réduction en seulement un an !

Acheter neuf ? Pourquoi donc ?

La question des déchets ne touche pas seulement l'alimentation, mais bien tous les pans de la vie de cette famille. « Acheter un jouet neuf qui a traversé le globe, c'est la garantie d'acheter au moins 4 ou 5 emballages qui vont avec », souligne Jérémie. « Et c'est du plastique, de l'aluminium non recyclable que l'on va brûler en fin de vie. » A ce jour, on estime qu'un Européen produit 50 tonnes de déchets cachés par an. Une brosse à dents ? 1,5 kg de déchets cachés répartis tout au long de sa chaîne de vie, de l'extraction des matières premières jusqu'à sa destruction. C'est inacceptable, à l'heure du changement climatique et de l'épuisement des écosystèmes !

La famille Zéro Déchet se met donc en marche pour répondre à ses besoins en optant pour les circuits courts d'occasion. Vêtements, jouets, meubles, aujourd'hui tout s'échange et se vend sur Internet ou en vide-grenier.

Une aubaine financière et un bon moyen de ne pas remplir la poubelle ! A ce jour, un problème subsiste : leurs voitures. La famille vivant à la campagne, les déplacements quotidiens sont fréquents et ne peuvent pas être remplacés par des modes de déplacements doux.

« Nous avons fait notre bilan carbone, notre empreinte écologique et notre empreinte en eau, nous sommes quasi durables. C'est la voiture qui mine notre bilan final ! », regrettent-ils.

De quoi avez vraiment besoin ?

Ce à quoi la famille Zéro Déchet s'attendait moins, ce sont les bénéfices collatéraux de la démarche... En choisissant de n'avoir que le minimum de déchets, le « presque zéro déchet » comme elle le souligne, elle s'en- gage dans une démarche de sobriété volontaire. Eh oui, pour avoir moins de déchets, il faut faire moins d'achats. Logique ! Les questions deviennent donc : « En ai-je vraiment besoin ? » et « Comment l'avoir sans l'acheter neuf pour éviter le conditionnement plastifié ? ».

S'ensuit donc une réduction notable de sa consommation, et donc de ses dépenses ! Et vous savez quoi ? Elle s'en porte mieux. Sa santé d'abord, car elle s'est débarrassée des produits industriels chargés en sucre, sel et molécules chimiques nocives. Mais aussi moralement :

« Nous sommes mieux, souligne Bénédicte. Nous vivons en accord avec nous-mêmes, avec nos valeurs. Préoccupés par notre planète en destruction et notre mode de vie en quête de sens, nous sommes redevenus acteurs. C'est un vrai renforcement positif, loin du pessimisme ambiant et de la peur au 20-heures. »

Mon achat est un vote !

Pour Jérémie, la démarche zéro déchet, c'est faire un choix de société et sa transition à l'échelle individuelle :

« Quand je fais un achat, je valide un système. Soit je choisis de manger une tomate hors sol, gavée de pesticides et d'engrais, ayant traversé l'Europe, fabriquée par des sans-papiers, en plein mois de janvier pour engraisser des actionnaires.

Soit je choisis de manger une tomate bio, produite à 20 km de chez moi par un travailleur de ma commune. Mon achat est un vote ! Collectivement je deviens moteur de changement : c'est l'écologie de la demande.

MA demande va permettre de soutenir des entreprises durables, développer des filières locales et responsables, développer l'économie de la fonctionnalité, inciter la collectivité à y répondre et soutenir les lois en ce sens. »

De sa poubelle à un changement de société, il n'y a qu'un pas !

En savoir plus : https://mrmondialisation.org/

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