Gordon Zola : entretien avec Gordon

Gordon Zola : ce qui prête à rire donne à penser

Il est plus occupé que les toilettes d'un TGV, comme il le dit lui-même, et il y a de quoi : écrivain autodidacte, auteur, entre autres, des aventures du commissaire Guillaume Suitaume, Gordon Zola est aussi patron de sa maison d'édition, Le Léopard masqué, et lance une nouvelle saga avec les aventures (délirantes) de Saint-Tin et son ami Lou. Bosseur, certes, mais aussi et surtout déconneur. Comme quoi on peut réussir en s'amusant.       

Peut-on dire que vous êtes un parodiste ?

Pas vraiment. Je tente plutôt d'être un humoriste de la plume. Une parodie, c'est un décalage par rapport à un texte original. Or, avec "le Dada de Vinci" comme avec "C'est pas sorcier Harry", j'exploite le succès du référent pour recréer quelque chose de neuf et parfois de grinçant.

En deux mots, comment bossez-vous ?

Depuis 2004, le commissaire Guillaume Suitaume est mon principal personnage, il a mené huit enquêtes. Le type d'aventures dans lequel je le fais évoluer m'a permis de construire le style dans lequel j'écris. De la même manière qu'il y a une construction littéraire quand vous écrivez un thriller, avec des codes à respecter, il y a aussi des codes et des techniques à respecter pour faire rire. C'est un travail de fond et de fourmi.

L'humour, ça doit être fait avec sérieux?!

J'ai la chance d'avoir beaucoup d'imagination, d'écrire tout le temps, et comme j'aime bosser ce n'est plus du travail, c'est un mode de vie. J'aimerais bien que, comme il y a eu les surréalistes, il y ait les "léopardistes" : une bande de déconneurs-bosseurs, produisant de la littérature bien écrite, un peu fous du roi, plus insolents que vulgaires.

C'est d'ailleurs plutôt rare, vous arrivez à être drôle sans être vulgaire...

On descend parfois au-dessous de la ceinture, mais par le biais de métaphores amusantes, jamais avec crudité.

Quelle est votre formation ?

Hélas... Ce que je vais dire ne va faire plaisir qu'aux étudiants amateurs de radiateurs. Après avoir raté le bac une première fois, je me suis inscrit en candidat libre mais je me suis sauvé avant la fin des épreuves. Comme j'étais musicien, que je composais, je suis parti à l'aventure avec un petit groupe, puis j'ai fait un peu de production dans la musique classique et le jazz, avant de bosser dans l'audiovisuel. J'ai même fait quelques films documentaires sur les écrivains qui se sont fait avaler par leur héros. Jusqu'au moment­ où j'ai tout lâché pour créer les éditions du Léopard masqué en 2004. Disons que je suis un bosseur, l'archétype de l'autodidacte.

En dépit de ce parcours scolaire écourté, vous avez malgré tout des influences littéraires ?

Je suis un très gros lecteur, bien qu'aujourd'hui je ne lise plus que pour écrire. Je dévore des livres en rapport avec mon sujet, puis je laisse travailler mon imaginaire. Je suis plutôt de l'école de Simenon pour l'ouverture de masse et de celle de Céline pour l'amour du style. Je pourrais parler aussi de Romain Gary, René Fallet, Marcel Aymé. Quant à Frédéric Dard et San Antonio, aussi extraordinaire que ça puisse paraître, je l'ai découvert après avoir écrit mon premier livre, alors que je croyais avoir inventé la lune ! Du coup, j'en ai lu une centaine pour voir ce qu'il ne fallait pas que je fasse et que je m'en distingue.

C'est quoi la dernière chose délirante que vous ayez faite ?

Lors d'un salon à Montaigu, j'ai braqué les visiteurs avec mon colt 45 pour les forcer à acheter mes livres ! C'est un flingue en plastique vachement bien imité, mais quand les gens voyaient ma cravate léopard, ils percutaient et se prêtaient au jeu : du coup j'ai vendu plein de bouquins comme ça ! Sur les salons, je n'ai peur de rien. J'aime les gens, ils le sentent, on peut beaucoup déconner et ça passe très bien.

Aujourd'hui, vous écrivez, mais vous dirigez aussi le Léopard masqué, le Léopard démasqué, qui édite les aventures de Saint-Tin, ainsi que Tolège Éditions, éditeur de thrillers sur fond d'histoire religieuse. Ça fait combien de titres au total ?

Une quarantaine. Ça représente un gros travail éditorial, mais je crois qu'on a trouvé un créneau qui plaît aux lecteurs. Notre handicap, c'est le milieu du livre, qui est beaucoup trop sérieux et nombriliste à mon goût !

Les étudiants aussi sont parfois très sérieux, trop même, non ?

La jeunesse est un vivier d'invention, de contestation. Le problème, c'est qu'elle est nourrie avec des choses convenues­. Aujourd'hui, on nous vend surtout la politique, le réchauffement climatique et l'écologie en général. C'est là-dessus que les gens ont des avis. Sorti de là, plus rien... Pourtant le quotidien ne se limite pas à ça. Or, j'ai l'impression que notre époque enferme les gens et les jeunes dans un système de pensée très fermé, très politiquement correct, qui s'interdit beaucoup de choses. Or, je crois qu'avec le second degré et une grande ouverture d'esprit, on peut tout dire.

Qu'est-ce que vous leur conseilleriez ?

De penser différemment, d'avoir une posture optimiste, positive et réaliste ! Tout est possible, mais il faut bosser. Ce n'est qu'en travaillant beaucoup que j'arrive à faire ce que je fais.

 

Une réaction à Gordon Zola : entretien avec Gordon

  • Je prête à rire mais au fond, je leur donne à penser …
    C’est l’essentiel. peu m’importe désormais les ricanements sur ma personne tant que je sais qu’au fond, je touche au coeur !!
    Authentique et certain de sa vérité tout en respectant celle des autres ….
    Peu importe les rires sous cape, la vérité, ma vérité du moins, c’est … le Bouddhisme !! (bouteille à la mer).

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