Les frigos vides du Venezuela

Files d'attente interminables devant les magasins, pénurie d'à peu près tous les biens et aliments de consommation courante, violences et pillages à répétition sont devenus le lot quotidien des Vénézuéliens.

« La faim touche de plus en plus de personnes. La situation est très préoccupante », explique Eduardo Rios, doctorant au Centre de recherche internationale (Ceri) Sciences-Po. Depuis 2013, le Venezuela s'est enfoncé progressivement dans une grave crise.

C'est le résultat de choix de politique économique erronés combinés à la chute des cours du pétrole. Le pays possède en effet des réserves considérables d'or noir et son économie se concentre sur cette unique activité : le pétrole représente 96 % de ses recettes d'exportations et la moitié de ses recettes budgétaires, alors que le Venezuela importe à peu près tout ce qu'il consomme. Lorsque le baril de pétrole se vendait à 100 dollars, et c'était encore le cas en mars 2013 à la mort d'Hugo Chavez, cela permettait de verser des aides sociales aux plus défavorisés. Mais depuis fin 2015, ce cours ne décolle plus de la barre des 40 dollars.

Johnny Mendez (à gauche) et sa famille : « Je dois quitter la maison à 5 heures du matin, en prenant le risque d'être tué, pour faire la queue toute la journée et acheter seulement deux ou trois produits. »
Carlos Garcia Rawlins - Reuters

"Inflation"

La diminution drastique des rentrées de dollars a engendré la multiplication des pénuries, une perte de valeur abyssale de la monnaie vénézuélienne et une inflation totalement hors de contrôle. Son taux avait déjà atteint 181 % fin 2015, selon la banque centrale du Venezuela et le Fonds monétaire international (FMI) projette une inflation de 482 % en 2016 !

Quant au produit intérieur brut (PIB), il a déjà diminué de 5,7 % en 2015 et sa contraction s'accélère.

La crise économique et sociale se double d'une crise politique. En janvier 2016, le président Nicolas Maduro, successeur d'Hugo Chavez, a décrété « l'état d'urgence économique ». Une mesure qu'il a fait passer en force, car le Parlement est aux mains de l'opposition depuis les élections de décembre 2015. Nicolas Maduro a notamment décidé d'augmenter pour la première fois depuis vingt ans le prix de l'essence, largement subventionné, et de dévaluer de 58 % l'un des trois taux de change officiellement en vigueur.  Le 16 mai dernier, il a pris un décret prolongeant l'état d'urgence économique et instaurant un « état d'exception ». « Maduro cherche à étouffer l'opposition et à mater d'éventuelles émeutes de la faim », explique Eduardo Rios. L'opposition demande la tenue d'un référendum révocatoire pour chasser Nicolas Maduro de la présidence du pays.

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