Des abeilles en voie de disparition

Elles sont menacées par l’usage des pesticides. II est temps de remettre en cause ces produits dangereux! Nos apiculteurs sont inquiets. Partout, ils constatent des pertes massives d’abeilles. Or celles-ci sont les amies des fleurs et les agents actifs de la pollinisation. Leur disparition met donc en péril la production de fruits et de miel.

Les avis divergent sur les causes de ce dépérissement. Certains experts évoquent des facteurs multiples, jouant simultanément: maladies, pesticides, à-coups climatiques...

D’autres impliquent des pesticides très utilisés, comme le Gaucho de la firme Bayer Monsanto qui fait l’objet de vives controverses. Du coup se pose le problème des procédures d’homologation et de l’attribution des autorisations de mise sur le marché de ces produits chimiques. Sans eux, la plupart des agriculteurs — ceux qui ne se sont pas orientés vers l’agriculture biologique — se sentiraient très démunis.

Principe de précaution

La Direction de l’environnement de l’Union européenne a multiplié les initiatives pour améliorer l’évaluation préalable à leur mise sur le marché : il s’agit d’appliquer le principe de précaution non seulement à la santé de l’homme, mais aussi à celle des insectes utiles comme les abeilles.

Les avatars survenus à Robert Leg, apiculteur à Apach, village frontalier proche de Schengen, au Luxembourg, illustrent les dimensions du problème. Cet apiculteur constate depuis quatre ans l’intoxication massive de ses colonies d’abeilles en juin et juillet. Menant l’enquête sur le terrain, il a fini par en repérer les causes. Des analyses effectuées en laboratoire ont permis de retrouver dans le cadavre des abeilles un produit, le parathion-méthyle, avec lequel des viticulteurs traitent leurs terres contre le ver de la grappe.

La répétition de l’épandage du parathion-méthyle sur les vignes, chaque année à la même saison, permet sa mise en cause directe. Mais les choses se compliquent, car l’utilisation de ce produit s’étend simultanément aux vignobles français, allemands et luxembourgeois contigus dans cette région baptisée “Pays des trois frontières’

Naturellement, les géants de l’industrie phytosanitaire se battent bec et ongles pour défendre l’innocuité de leurs produits. D’où des querelles d’experts et des actions en justice qui masquent l’enjeu premier du débat : l’orientation future des pratiques agricoles vers un usage plus modéré des pesticides chimiques. Voire une interdiction de ces substances, comme dans le cadre de l’agriculture bio.

Douze pesticides déjà interdits

Les mineurs amenaient avec eux des oiseaux très sensibles au dégagement de grisou : si les oiseaux défaillaient, ils savaient le danger proche. Aujourd’hui, les abeilles jouent ce même rôle et sont de précieux indicateurs. Elles devraient nous conduire à remettre en cause une chimie agricole qui, depuis cinquante ans, a fait un usage considérable des pesticides. Si considérable qu’ils ont désor mais pénétré dans tous les milieux, y compris les tissus adipeux du corps humain.

On a interdit dans le monde entier douze des pesticides les plus courants comme le DDT, le lindane ou latrazine. Il est probable que le Gaucho et quelques autres molécules les rejoindront sur les listes des produits prohibés. Mais les pays riches ont pris la mauvaise habitude de se débarrasser de leurs stocks en les écoulant dans les pays du Sud. En Afrique ou en Inde notamment, de graves problèmes de santé, voire des intoxications massives, sont constatés. Ces produits devraient donc être retirés du marché dès que leur toxicité est prouvée, comme on le fait pour les médicaments.

La collaboration immémoriale qui lie l’homme aux abeilles est aujourd’hui menacée. Elle doit être considérée comme un signal d’alarme contre les dangers qui nous menacent.

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